Ecouter le silence
Chut… Silence…
Le silence, dans son tout premier sens, c’est l’état de la personne qui s’abstient de parler. Puis, par extension, le silence a été associé à l’absence de bruit. Il y a le silence extérieur, et le silence intérieur. Le premier, on peut le créer : on coupe le téléphone, on trouve un endroit calme, on s’isole… et le second est tellement plus difficile à conquérir ! Il faut dire que Descartes a imprimé dans nos esprits une terrible méprise : « Je pense donc je suis ». Faut-il donc vraiment penser, pour être ? Et par opposition, le silence que serait l’absence de pensée signifierait-il un vide sans être ? Dans la foulée, nous avons vite assimilé le verbe « méditer » à « penser » sur un sujet particulier, l’analyser, le décortiquer. Le silence intérieur n’a alors pas droit de séjour dans ce capharnaüm de pensées.
Justement, méditer, c’est reconnaître au silence sa valeur, pas comme simple absence de bruit, mais comme espace de vie. Et c’est en cherchant à approcher, ce silence que l’on se rend compte à quel point le bavardage des pensées, le bruit mental, est incessant, et si difficile à écarter. Certes, penser est une activité aussi naturelle que respirer. C’est la mission de notre cerveau, qu’il accomplit vaillamment, à chaque instant. Ce bruit de fond est là et, dans la pratique de la méditation, on peut petit à petit baisser le volume, ou même marquer une toute petite pause, fugace, avant que le trot des pensées ne reprenne, au galop même parfois. L’essentiel est de caresser ce silence, de prendre conscience de tous ces bruits qui en étouffent le son pur.
Faire silence, paradoxalement, c’est ne rien faire. Ne rien faire, mais observer… observer le train des pensées, qui tend à s’emballer à l’allure d’un TGV. Et grâce à cette prise de conscience, par la grâce de cette prise de conscience, avec un peu, beaucoup, de patience, vient le silence.
Ecouter le silence.