Le fil de la Merveille ou la magie de l’émerveillement
Notre devoir de joie
Notre devoir le plus impérieux est peut-être de ne jamais lâcher le fil de la Merveille. Grâce à lui je sortirai du plus sombre des labyrinthes.
Ces mots magnifiques de Christiane Singer révèlent un secret : le secret de la joie. L’enjeu de la joie, c’est une question tragique, comme l’affirmait Christophe André, lors des rencontres sur « La joie », à Saint Gervais (le 14 mars 2015). La joie n’est pas un gadget, c’est une question de vie ou de mort. Et Christophe André, psychiatre qui côtoie quotidiennement des personnes profondément dépressives, sait de quoi il parle. La joie est une question de devoir, et une question de choix : choisir d’adopter un regard de contemplatif, choisir la présence et l’ouverture face à la beauté, choisir l’émerveillement. La joie est un choix de vie, et ce n’est pas vraiment une option. Il s’agit d’être actif au coeur de sa vie, d’ouvrir les yeux, et de s’ouvrir.
Le choix de l’émerveillement
La joie est une expérience des sens, qui fait vibrer le coeur. Il « suffit » de regarder, d’écouter, de sentir… Il s’agit de laisser place à l’émerveillement.
On peut distinguer deux émerveillements, ou deux étapes dans l’émerveillement. Le tout premier émerveillement est l’émerveillement naturel et spontané de l’enfance. L’enfant perçoit le monde sur le mode de l’émerveillement. Il découvre, expérimente, s’amuse. La joie et le jeu sont tout proches. L’enfant ne se pose pas de question, il pose des questions, il questionne tout, avec spontanéité et enthousiasme. Il fait preuve de curiosité, d’excitation ; un rien l’émerveille. Sans les filtres des peurs, des déceptions, des croyances… il découvre le monde dans une pleine ouverture. Son esprit s’épanouit, et s’étonne tout simplement de toutes les richesses de la vie.
Le second émerveillement est l’émerveillement de l’adulte. Cet émerveillement-ci a perdu de sa spontanéité et de son naturel. Il a été érodé par les tempêtes de la vie. Il émerge quand la tristesse, la colère ou la peur lui laissent de la place. L’émerveillement adulte est davantage un choix, il relève d’une décision : la décision de refuser le désespoir et le désenchantement. Par choix, et par devoir. C’est une posture, une présence au coeur même de sa vie : être en état d’émerveillement, et laisser la magie opérer. On peut alors parler de magie, et on retourne quasiment à celle de l’enfance, avec une richesse en plus : l’expérience. On connaît alors la valeur de l’émerveillement, et on sait apprécier les miracles que l’on observe.
Ne jamais lâcher le fil de la Merveille, et de ce fil tisser la trame de chaque jour. N’est-ce pas là le secret du bonheur ?
Et n’est-ce pas là, aussi, le chemin auquel la méditation nous invite ?