Méditer avec Etty Hillesum
Même si le mot « méditer » l’horripile un peu, Etty Hillesum nous en offre une très belle définition
Je crois que je vais le faire : tous les matins, avant de me mettre au travail, me « tourner vers l’intérieur », rester une demi-heure à l’écoute de moi-même. « Rentrer en moi-même ». Je pourrais aussi dire : méditer. Mais le mot m’horripile encore un peu. Oui, pourquoi pas : une demi-heure de paix en soi-même. On agite bien bras, jambes et autres muscles le matin dans la salle de bains ; mais cela ne suffit pas. L’homme est corps et esprit. Une demi-heure de gymnastique et une demi-heure de « méditation » peuvent fournir une bonne base de concentration pour toute une journée.
Mais une « heure de paix », ce n’est pas si simple. Cela s’apprend. Il faudrait effacer de l’intérieur tout le petit fatras bassement humain, toutes les fioritures. Une petite tête comme la mienne est toujours bourrée d’inquiétude pour rien du tout. Il y a aussi des sentiments et des pensées qui vous élèvent et vous libèrent, mais le fatras s’insinue partout. Créer au-dedans de soi une vaste plaine, débarrassée des broussailles sournoises qui vous bouchent la vue, ce devrait être le but de la méditation.
Etty Hillesum, Une vie bouleversée.
